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1001 histoires avec ATD Quart Monde

La misère n'est pas une fatalité

Écoutez ou relisez les "31 histoires pour un monde autrement" éditées par ATD Quart Monde Grand Ouest et Histoires Ordinaires

Tout le monde me dit : « Tu as drôlement changé ! » (p.50)


Mercredi 19 Juillet 2017

Philippe, le 16 février 2017, en compagnie du Président de la République en visite à Maurepas
Philippe, le 16 février 2017, en compagnie du Président de la République en visite à Maurepas
2017_08_04_tout_le_monde_me_dit_tu_as_drolement_change.mp3 2017 08 04 Tout le monde me dit tu as drôlement changé.mp3  (4.43 Mo)

« ATD, c'est ma deuxième maison » dit Philippe Arribard. Il en connait les moindres recoins depuis 15 ans qu'il la fréquente. Université Populaire, Journée de la Misère, Festival des Savoirs, il est de toutes les réunions de préparation. Mais ce que Philippe sait le mieux faire, c'est de conjuguer le verbe « apprendre » à tous les temps.

J'ai bien appris avec l'Université Populaire. On se réunit le jeudi après-midi, on est ensemble, on discute et on écrit ce qu'on va dire : ce qu'on a vécu dans la vie, ce qu'on fait ensemble, si on ne s'ennuie pas, si on parle avec nos voisins pour ne pas être en solitude. 

Ce qui m'a intéressé le plus, c'est de comprendre comment cela se passe dans les pays pauvres.

J'ai été à Bruxelles en 2015 avec six autres, en voiture. On s'est retrouvé dans les salles de l'Europe avec des gens d'ATD qui venaient de partout, d'Allemagne, de Suisse... J'étais avec un groupe d'Italiens. Avec l'interprète, il fallait parler tout doucement et lentement, sinon ils ne pouvaient pas suivre. Les Italiens ont montré des photos de la tente d'un homme qui campait dans un champ avec les vaches. D'autres photos montraient l'appartement d'un monsieur, il n'y avait pas de chauffage, pas d'eau. J'ai compris qu'ils n'avaient pas la vie comme nous et qu'ils étaient plus pauvres que nous. On a apporté nos idées pour voir comment on pouvait avoir plus d'argent pour vivre. Cela m'a beaucoup touché et j'ai appris qu'ailleurs il y avait des choses plus difficiles. 

Je fais partie de beaucoup de groupes, le comité des fêtes, le Comptoir du Doc, l'équipe technique pour le 17 octobre.... J'aime bien apprendre et cela m'aide dans ma vie : le droit, les avocats, les préfets, les juges, les placements d'enfant, les tuteurs, les éducateurs.

Je participe et on me reconnaît. Par exemple, l'année dernière, il y a eu l'inauguration de la salle de spectacle Guy Ropartz dans mon quartier de Maurepas, Nathalie Appéré, la maire de Rennes, m'a dit : « Tiens, bonjour Philippe ! » . 
 
Avant je n'apprenais pas, j'étais isolé. J'étais assez costaud et je me laissais aller. Je ne savais pas lire ni écrire. Tous ces gens que je connais m'apportent un soutien moral. Avec eux, je me sens bien, je me sens libéré. Je me dis que je ne suis pas tout seul. Je me sens entouré de partout. C'est gai, c'est naturel. Tout le monde me dit : « Tu as drôlement changé ! » C'est de la joie. C'est une autre vie. 

Quand quelque chose m'intéresse, je vais voir et j'apprends.  Je n'ai pas peur. Si j'ai quelque chose à dire, je le dis, faut pas hésiter. Avant, je n'étais pas comme cela, maintenant je suis une autre personne. Je parle avec les autres, on discute : « Qu'est-ce que tu penses de cela ? Qu'est-ce que tu en dis ? » Mais il y a des règles : pour parler, il faut attendre que la personne termine. C'est important de parler chacun notre part. Cela aide à trouver des solutions.

Plus je participe, plus je change, plus je me sens utile. C'est émouvant.

Philippe
16 mai 2017

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